Aujourd’hui, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent 1/4 de la population et pourraient en représenter 1/3 en 2050. Si l’espérance de vie en France après 50 ans s’avère la plus élevée de l’UE chez les femmes (37,4 ans vs 34,9 ans en 2014 dans l’UE ; gain de 2 ans en 10 ans), le nombre d’années vécues en bonne santé reste inférieur à celui de plusieurs pays.
Une augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes d’ici 2060
Aux âges avancés, de récents travaux montrent une évolution favorable de l’espérance de vie sans incapacités dans les dernières années par rapport aux décennies précédentes, mais une évolution moins favorable chez les personnes autour de l’âge de la retraite. Il apparaît donc urgent d’intervenir pour ralentir cette progression défavorable et améliorer la qualité de vie au cours de l’avancée en âge. De récentes estimations laissent présager d’une augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes de 1,2 millions en 2012 à 2,3 millions d’ici 2060.
Etat des lieux de la santé des Français de plus de 65 ans
- Aux premiers rangs des maladies chroniques avec un lourd fardeau : les pathologies cardio et neuro-vasculaires, les troubles neurocognitifs majeurs (comme la maladie d’Alzheimer), les maladies respiratoires chroniques (comme la BPCO), le diabète et le cancer du poumon.
- Plus d’1,4 million de personnes de plus de 60 ans vivant à domicile peuvent être considérées comme dépendantes.
- 1 personne dépendante sur 2 vit actuellement en institution.
- Une augmentation de la prévalence des maladies chroniques est attendue dans les prochaines années en raison du vieillissement de la population et de l’amélioration de la survie des malades.
La prévention de la perte d’autonomie : une priorité
Dans la mesure où la dépendance est difficilement réversible, la prévention et la préservation de l’indépendance dans les activités quotidiennes au plus tôt, avant que les premières incapacités ne se déclarent, est devenue une priorité de santé publique.
Pour cela, l’identification des individus à risque de perte d’autonomie devient centrale. Le déclin fonctionnel résulte de 3 phénomènes concourants que sont le vieillissement biologique, les comportements de santé à risque ainsi que l’installation et la progression d’une ou de plusieurs maladies chroniques.
Le vieillissement biologique transforme progressivement l’adulte en bonne santé en un individu vulnérable en diminuant ses capacités de réserves physiologiques globales. Ce phénomène rend l’individu plus vulnérable au stress et lui confère un risque élevé d’évolution défavorable telle que la survenue de maladies chroniques, la perte d’autonomie, l’institutionnalisation et le décès. Le concept de fragilité est aujourd’hui largement utilisé pour opérationnaliser ce phénomène de vulnérabilité au stress. En France, on estime la prévalence de la fragilité entre 10 et 13% chez les plus de 55 ans. Cette fréquence augmente de manière exponentielle avec l’âge, est plus importante chez les femmes et marquée par d’importantes inégalités sociales. Le repérage et le dépistage opportuniste de la fragilité chez les individus de plus de 70 ans sont recommandés par la HAS depuis 2013. En effet, des actions de prévention sont possibles pour diminuer le risque d’évolution défavorable vers la dépendance ou la survenue d’évènements graves tels que le chutes.
Parallèlement, au cours du vieillissement, de nombreuses pathologies chroniques sont pourvoyeuses d’incapacités et de dépendance ; les cancers, les pathologies et facteurs de risque cardio-vasculaires, les maladies mentales ainsi que les maladies neurodégénératives, ces dernières ayant le fardeau de dépendance le plus important. Enfin, ce qui caractérise plus particulièrement la population âgée c’est la polypathologie ou multimorbidité, conséquence de l’accumulation des facteurs de risque au cours du temps. Dans le rapport « Enjeux sanitaire… », la première partie est consacrée à l’épidémiologie des maladies chroniques en lien avec la perte d’autonomie. Une revue détaillée des facteurs de risque, des estimations de prévalence, d’incidence et de leurs évolutions y est mise à disposition.
En amont du repérage et de la prise en charge de la fragilité et des maladies chroniques, il est possible d’agir sur les déterminants de santé à mi-vie pour favoriser un vieillissement en bonne santé. En effet, un faisceau d’arguments provenant des études observationnelles montre des associations entre comportements de santé positifs (faible consommation de tabac, d’alcool, activité physique régulière…), contrôle des facteurs de risque cardio métaboliques (hypertension, diabète…) et vieillissement en bonne santé. De plus, certaines études d’intervention sur ces facteurs, même si insuffisantes, semblent prometteuses. Ainsi, il est aujourd’hui encouragé d’intervenir sur ces déterminants dès la mi-vie pour prévenir la perte d’autonomie.
Favoriser le vieillissement en bonne santé : Programme et actions de Santé publique France
Le vieillissement massif de la population dans les prochaines années constitue un enjeu majeur social et de santé publique. Le programme développé par Santé publique France vise à apporter de la connaissance pour agir sur les différents facteurs permettant de favoriser sur le long terme le vieillissement en bonne santé, avec :
- la surveillance des maladies chroniques, des traumatismes (chutes), de la santé mentale, et des déterminants ;
- le développement d’indicateurs intégrés de santé globale qui visent le repérage des populations en amont de la perte d’autonomie (indicateurs de fragilité et de multimorbidité).
Le dispositif de prévention et promotion de la santé autour du passage à la retraite, co-construit par Santé publique France, est désormais assuré par l’interrégime des caisses de retraite avec :
- l’information des personnes concernées (personnes âgées et aidants) en particulier via le site pourbienvieillir.fr et les réseaux sociaux (Facebook) ;
- le transfert de connaissances en direction des professionnels, en particulier via l’espace professionnel du site pourbienvieillir.fr.